lundi 3 juin 2013

Les Amours d'Hercule

Dans Les amours d'Hercule, profitant de l'absence du fils de Zeus descendu aux Enfers, le fourbe Lycos, officier d'Œnée roi de Calydon / Œchalie (?), cherche à opposer Hercule et Déjanire en faisant secrètement assassiner Mégarea, femme d'Hercule, et Œnée, père de Déjanire.
 Venu à Œchalie réclamer justice, Hercule oublie ses projets de vengeance en rencontrant Déjanire, dont le visage lui rappelle Mégarea (interprétée par Barbara Florian). Il faut voir apparaître "la" Mansfield entourée de ses "boys" musclés, majestueuse dans le cadre de la superbe esplanade du Museo della Civiltà Romana à l'E.U.R. (Rome) ! Les deux jeunes gens vont s'aimer (Mickey Hargitay a alors 33 ans et J. Mansfield 27, mais nous nous comprenons n'est pas ?),
au désespoir de Lycos qui comptait faire épouser la riche héritière à une de ses créatures, Achéloos de Mycènes (sic). Hercule est accusé du meurtre d'Achéloos et ne se justifiera qu'au terme d'une série de péripéties au cours desquelles il tue l'Hydre de Lerne (à trois têtes), vainc un taureau puis une grande créature simiesque, et rencontre Hippolyte reine des Amazones, qui change ses amants en arbres. Les Métamorphoses d'Ovide rencontrent le mythe d'Antinéa, archétype absolu de la reine cruelle et sexuelle dans le cinéma historico-mythologique. Le titre de travail était "Les trois amours d'Hercule", car Jayne Mansfield, changeant de perruques, incarnait successivement Déjanire et Hippolyte. C'est la seule réalisation cinématographique où Iolaos est le compagnon d'Hercule, mais il est montré comme un vieillard alors qu'en fait, étant fils du jumeau d'Héraclès, Iphiclès, il aurait dû être sensiblement plus jeune. Il avait été question pour Mickey Hargitay et Jayne Mansfield de tourner ensemble un Antoine et Cléopâtre, en 1963. Le physique bovin d'Hargitay aurait peut-être convenu à Marc Antoine. Mais le film ne se fit pas, le couple s'étant séparé. On reverra Hargitay dans un autre péplum en 1964, La vengeance des gladiateurs, dont l'action conte les intrigues de Genséric contre Valentinien III. Pour la publicité du film, la production eut l'idée saugrenue de convoquer les paparazzi pour photographier dans l'arène du Colisée - lieu consacré aux saints martyrs par Benoît XIV -, un combat pour rire opposant Hargitay-gladiateur au boxeur Ray Sugar Robinson, entourés de pin-up en bikini. Ray Sugar Robinson qui venait de remporter un nouveau titre et s'apprêtait à rencontrer le Pape vit son entretien décommandé par le Vatican scandalisé. Quand à Hargitay, il continuera une carrière incertaine dans des giallo ou des westerns transalpins.

x
Michel ÉLOY :  http://www.peplums.info




dimanche 2 juin 2013

VULCAN, DIEU DU FEU (Vulcano, figlio di Giove)

Revenant une fois par an, tel les reportages sur le secrétariat du Père Noël (ou un yoyo qu'on aurait vraiment lancé très fort), la Nuit Excentrique de la Cinémathèque est le genre d’événement qui marque une vie de cinéphage. Cinq ans consécutifs que votre serviteur fait partie des 450 cinglés qui s'amassent douze heures durant dans la salle Henri Langlois. Cinq ans que j'en sors épuisé mais ravi, les neurones tellement anesthésiées que j'en trouve normal que le café où je vais débriefer avec quelques compagnons d'arme facture 6€ un perrier.
Blague à part, ces nuits sont toujours riches en émotion et ce qui se passe sur l'écran n'y est pas étranger.
 Cette année, la Nuit Excentrique s'ouvrait avec de l'inédit: un péplum. Et oui, il est toujours assez dur de trouver un péplum nanar dans la mesure où ce genre abonde de films gentiment kirschs, au scénario convenus et aux acteurs tout à fait corrects. Le plus souvent c'est dans le bestiaire qu'un péplum peut se "nanardiser": à ce titre certains films comme "Persée l'Invincible" ou encore "La Vengeance d'Hercule" sont d'excellents exemples. Si, même dans ces cas là, nous pourrions avoir des scrupules, il y en a d'autres où la nanardise du bazar ne fait absolument aucun doute et "Vulcan, dieu du feu" en fait partie.
A noter que, lors de sa sortie en VHS, un éditeur un peu taquin tenta de vendre le film comme un films d'heroic-fantasy. (source: nanarland.com).
Ce n'est pas une faute de frappe: c'est bien de "Vulcan" qu'il est question, un traducteur facétieux n'ayant pas vu dans le "Vulcano" du titre original le nom italien du dieu Vulcain dont le film va tenter de nous retracer le mythe. Je dis bien "tenter" car le scénario va prendre des libertés avec l'histoire originale. Plus que de prendre des libertés, on peut même dire que le scénario lui met une main aux fesses à la mythologie.
Comme dans tout bon film mythologique, tout commence dans l'Olympe, la demeure des dieux. Des dieux qui, en matière de décor ont des goût à hurler: on dirait plus la garçonnière de Tony Montana que la demeure ancestrales de divinités immortelles. Et je ne parle même pas de la fumée sur le sol qui donne l'impression qu'une convention de clones de Bob Marley s'est réunie à l'étage inférieur.
Nous sommes dans l'Olympe, donc, et Jupiter n'est pas content. Pourquoi donc ? Disons qu'il n'est pleinement satisfait du comportement de sa fille, Venus, déesse de l'amour, dont le professionnalisme dépasse, à son goût, les limites de la bienséance. Comprenez par là qu'elle saute sur tout ce qui bouge (ou bouge sur tout ce qui saute), comportement que tout père un tant soit peu responsable se doit de réprouver. Afin de mettre fin à ce comportement, Jupiter décide de la marier au dieu le plus laid de l'Olympe, Vulcain. On objectera que cela n'a jamais empêché les escapades ça et là mais n'oublions pas que nous sommes dans un film italien.
Dans la mythologie classique, Venus est effectivement mariée à Vulcain, mais non par Jupiter, par Junon, jalouse de la beauté de sa belle-fille. A ce propos, quelques informations intéressantes pour la suite: Vulcain, de même que Mars, sont les fils de Jupiter et de Junon. Venus, elle, est la fille de Jupiter et de Dioné, une divinité marine (pour faire simple). Cela fait donc d'elle la demi-sœur de ses soupirants; niveau consanguinité, on est pas loin des rednecks du Wyoming.
Ce qui est amusant avec Venus c'est cette manie de se coller à tout ce qui ressemble à une colonne. Si vous y voyez un symbole phallique vous êtes un obsédé (mais vous n'aurez pas forcément tort).Vénus, soit-dit en passant, n'est pas contre le fait d'épouser Vulcain (surtout que celui-ci est joué par un culturiste israélien), d'autant plus que cela ne l'empêche pas de batifoler à droite à gauche. Par "à droite à gauche", comprenez "dans les bras de Mars", qui s'insurge même contre le fait que ce soit à cet avorton de Vulcain que la plus belle déesse de l'Olympe soit promise.
Vulcain dans ses œuvres, tapotant, avec l’énergie d'un spaghetti cuit une pauvre épée qui ne lui a rien fait avec un marteau tout aussi innocent.
Furieux que son propre fils s'oppose à sa volonté, Jupiter décide donc de prendre des mesures radicales pour punir Mars, ainsi que Vénus: il les prive de leurs pouvoirs et les envoie sur la terre où, durant trois mois, ils devront partager la vie des mortels. Vulcain, qui n'avait pourtant rien demandé, partage lui-aussi ce sort, non du fait de Jupiter mais de Pluton (joué par un Gordon Mitchell tout en rires sardoniques). Pourquoi Pluton se mêle-t-il de ça ? La réponse est simple: parce que !
Balancé du haut de l'Olympe jusque sur les côtes siciliennes, Vulcain est recueilli par la fille de Neptune, Etna, qui, on ne sait pourquoi, le reconnaît immédiatement. La scène n'est pas sans rappeler le sauvetage d'Ulysse par Nausicaa, bien qu'elle puisse également faire référence à la nymphe Thétis. Celle-ci, dit-on, recueillit Vulcain enfant après que celui-ci en ait été balancé du haut de l'Olympe par Junon, honteuse d'avoir mis au monde un enfant contrefait. A noter que la Junon de ce film, présentée comme une mère attentionnée (enfin, comme la seule personne ayant quelque-chose à faire de Vulcain) est assez éloignée de la Junon mythologique, adepte des saloperies en tout genre pour nuire à son prochain.
Notons que Vulcain n'est pas recueilli longtemps: celui-ci, ainsi qu' Etna et ses amies, se font assez rapidement capturer par un régiment d'hommes lézards parmi les plus craignos qui m'aient été donné de voir.
Enfermé dans le repaire des reptiliens, accompagné d'un bon nombre d'autres prisonniers, Vulcain ne doit sa survie qu'à une astuce efficace bien qu'à l'élégance douteuse. L'un des prisonniers, un nain, est dissimulé dans un panier d'ordures et balancé à l'extérieur, de façon à pouvoir donner l'alerte. Alerter qui ? Et bien Neptune pardi ! Etna est sa fille, tout de même.
L'occasion de faire connaissance avec un Neptune dont on comprend aisément pourquoi c'est son frère qui est devenu le big boss: passant le plus clair de ses courtes apparitions à chercher ses mots et à parler à la vitesse d'un escargot unijambiste, on en vient à se demander si l'ivresse des profondeurs n'aurait pas pris chez lui des airs de bad trip hallucinatoire.
Quoi qu'il en soit, à la demande du nain, Daddy Cool envoie des hommes à lui délivrer les siciliens des ignobles hommes lézards et tout rendre dans l'ordre.
Et Etna fête ça par une danse de la victoire, tout à fait inutile, d'autant plus qu'elle danse comme une patate.
Et Mars me dites-vous? Et bien c'est le dieu de la guerre, n'oubliez pas, et il fait ce que le dieu de la guerre sait faire le mieux (après les tartes aux pommes mais ça la mythologie classique en parle peu). Comprenez par là qu'il lève une armée afin de s'emparer de l'Olympe et de détrôner son père. Pour cela, il compte sur l'aide du roi de Thrace (sur lequel je m'abstiendrai de faire le moindre jeu de mot) et de Vénus, qui ne va pas se faire prier pour se faire jeter dans ses bras.
Prendre l'Olympe de ne fait pas comme ça: les titans s'y sont bien essayés et ils se sont cassé les dents. Autant dire qu'une armée de mortels risque également de subir le même sort. Le plan de Mars est donc simple: capturer des esclaves (les même siciliens que tout à l'heure) et construire une tour jusqu'au sommet de l'Olympe...
Non, je déconne,
A tiens, non!
Et pendant ce temps, Vénus écoute le plan diabolique de Mars, en toute simplicité.
C'est donc là que les Athéniens s'atteignirent: furax de voir son frère kidnapper ceux qui l'avaient recueillis, Vulcain part à sa poursuite, accompagné du nain de tout à l'heure. Ceux-ci volent des chevaux thraces opportunément abandonnés là (d'autant plus opportunément que parmi ces chevaux se trouvait un poney, comme s'il était prévu qu'un voleur puisse faire un mètre 30). Il sont suivis dans leur périple par Etna, qui, malgré le fait de s'être vue ordonner de rester chez son père s'occuper de ses casseroles (avec un peu plus d'amabilité que ça, tout de même), n'en a pas moins décidé de suivre nos deux héros à distance. A noter que celle-ci a suffisamment de personnalité pour désobéir et qu'elle est suffisamment optimiste pour penser pouvoir rattraper à la course deux hommes à cheval (optimiste ou idiote, la frontière est parfois mince).
S'ensuit vingt à trente minutes de poursuite: Vulcain poursuit les Thraces, Etna poursuit Vulcain, et des hommes des cavernes poursuivent Etna.
J'avais oublié un détail: le rôle d'Etna va essentiellement consister à se faire capturer, un peu comme Daphné dans Scooby-Doo.
Ce qui marque également dans "Vulcan dieu du feu", c'est la lenteur de la seconde moitié du film: comme si, une fois l'histoire posée, le scénariste ne savait pas comment la terminer. Par exemple, quand je vous dis qu'au moins vingt minutes du métrage consistent à voir des gens chevaucher à travers les montages ce ne sont pas des exagération. Une scène à la fin nous gratifie même d'un gravissement de colline en temps réel.
Le pire étant que tout se termine plus ou moins sur un Deus ex machina au sens premier du terme, comprenez par là que Jupiter tape du poing sur la table récompense les gentils punit les méchants et qu'à la fin du film tout le monde est content (sauf les méchants).
L'espèce d’échafaudage au loin est sensé être la gigantesque tour destinée à atteindre l'Olympe. Autant dire qu'au rythme où ça allait, Jupiter pouvait dormir tranquille.
En définitive, "Vulcan dieu du feu" appartient à cette catégorie de péplums vite tournés avec un casting cosmopolite (avec des acteurs jouant chacun dans sa langue et ne se comprenaient pas), des décors en carton et de vagues souvenirs glanés en cours de latin. Il s'agit de défauts courants dans ce type de film, ce qui est moins courant c'est de voir un film compiler tous ces défauts et de les sublimer jusqu'à la caricature, dans une histoire qui commence sans réelle raison et se termine sans réelle raison, dans une espèce d'improvisation totale. Nanar, il l'est par les détails: les scènes de remplissage, les incohérences scénaristiques, Vénus qui minaude, Hermès qui minaude aussi (et qui est plus proche du sac à main que du dieu), des monstres craignos, un Gordon Mitchell tout en rire méphistophéliques ou encore un acteur principal qui donne tout le long du film le sentiment de ne pas vraiment savoir ce qu'il fout là et à qui je serai curieux de savoir comment on a vendu le rôle de dieu le plus laid de l'Olympe.

x


Genre: Mains d'or, corps d'albâtre et colonnes en carton.

jeudi 21 mars 2013

Le triomphe d'Hercule / Il trionfo di Ercole

 Retour menu principal
 Le triomphe d'Hercule (Alberto De Martino, 1965. Avec Dan Vadis, Moira Orfei, Marilu Tolo, Pierre Cressoy)
Prince félon de Mycènes, Milo a assassiné Pandion, le roi de cette orgueilleuse cité. Afin de conquérir le trône, il fait combattre Gordius, son homme de main, dans un tournois dont le vainqueur épousera Attè, la fille du défunt roi. Mais c'est sans compter le demi-dieu Hercule, appelé à la rescousse, qui devra affronter le pouvoir conféré à Milo par un poignard magique, lequel, sorti de son fourreau, fait apparaître sept colosses de bronze, les Centimains. Or Hercule - trompé par Milo - a sur les mains le sang de son innocent demi-frère Eurysthée, aussi les dieux lui ont-ils retiré sa force surhumaine..
Alberto De Martino s'est fait connaître des afficionados par quatre films de «gladiateurs spartiates» (II gladiatore invincibile [Anthony Momplet : De Martino collabore à la mise en scène, 1961]; I sette gladiatori (Les sept gladiateurs [Pedro Lazaga, prête-nom], 1962); Gli invincibili sette (Les sept invincibles) (1963); La rivolta dei sette/I sette contro Sparta (La révolte de Sparte) (1965)) et deux films mythologiques, Perseo l'Invincibile (1962) aux remarquables effets spéciaux de Carlo Rambaldi (King Kong, 1976; Conan le Destructeur, 19......) dont c'était alors l'un des premiers travaux de professionnel et Il trionfo di Ercole. Cette fantaisie à prétexte mythologique se permet quelques écarts avec des données pourtant bien fixées. Il n'y eut jamais d'amitié entre Hercule et Eurysthée. Milo est un personnage imaginaire, et l'étiquette «sorcière du monde infernal» associée à sa mère Pasiphaé échappe à l'entendement grec : la vraie Pasiphaé était une fille du dieu Soleil et l'épouse du roi de Crète Minos; manquant à ses engagements, celui-ci avait refusé de sacrifier à Zeus un magnifique taureau blanc - il en fut puni à travers sa femme Pasiphaé qui se prit d'une passion sexuelle pour le bel animal et s'accoupla avec lui, dissimulée dans une génisse de bois fabriquée par Dédale; de leur étreinte naquit le Minotaure... le célèbre monstre du Labyrinthe.
Minos... Milo... et l'imagination du scénariste a fait le reste. Ce fut un des Travaux d'Hercule que de dompter le Taureau Blanc - le Taureau de Crète; quand à Thésée, on sait qu'il tua le Minotaure...
Les scénaristes ne se font généralement pas grand scrupule à emprunter à Samson au profit d'Hercule : celui-ci va donc momentanément perdre sa force à cause du meurtre d'un innocent, son demi-frère (sic) Eurysthée, et très finement le film fait ici référence au fait que lorsqu'il assassina son ami Iphitos, Hercule avait un fois déjà été privé de sa force surhumaine (en fait, il avait été vendu comme esclave à Omphale, reine de Lydie, aux pieds de laquelle il filait la laine, vêtu d'une robe de femme). Le tournoi nuptial a dans le film, malheureusement, des relents de combat de gladiateur inconcevables dans le contexte hellénique. Mais Hercule avait bien participé à un tournois de ce genre - en fait, un concours de tir à l'arc - pour obtenir la main d'Iole, fille d'Eurytos roi d'Œchalie.
Les plus étonnants personnages du film sont les sept «Centimains» (en grec, les Hécatonchires). Dans la légende ils n'étaient que trois : Kottos, Gyès et Briarée (ou Ægeon). C'étaient des fils de la Terre à cinquante têtes et cent mains; selon l'Iliade, Thétis - la mère d'Achille - les avait sorti du Tartare où ils étaient retenus prisonniers, pour qu'ils soutiennent Zeus contre ses frères et sœurs (*), les dieux révoltés contre son autorité.
Michel ÉLOY :  http://www.peplums.info




x




jeudi 7 mars 2013

Nefertiti reine du Nil

 Retour menu principal
Fernando Cerchio & Ottavio Poggi, 1961. Avec Jeanne Crain, Edmund Purdom, Vincent Price, Amedeo Nazzari / 100'
Depuis son plus jeune âge, Tanit - une jeune orpheline - vit recluse dans un splendide palais sur les bords du Nil. Elle a rencontré en secret un jeune sculpteur, Tumous. Les deux jeunes gens s'aiment, et décident de fuir ensemble. Mais leur projet est découvert par le Grand Prêtre d'Amon, Bénakon, qui se déclare son père et affirme l'avoir destinée à de grandes choses. Elle sera reine d'Egypte, affirme-t-il, car les dieux et le Pharaon mourant l'ont choisie comme épouse du prince Aménophis.
C'est la réplique italienne - un peu tardive : L'Egyptien, 1954, Nefertiti, 1961 - au célèbre film de Michael Curtiz, avec, dans le genre «légendes cinématographiques», l'hiératique Vincent Price s'efforçant de remplacer le truculent Peter Ustinov ! Freud, dans Moïse et le monothéisme, voyait une filiation entre la pensée d'Aménophis IV Akhénaton et celle de Moïse, qui serait un de ses disciples - peut-être bien même un Egyptien. Mais l'égyptologue Cyril Aldred, dans son Akhénaton, nuance cette hypothèse romantique : le «monothéisme» atonien n'a rien en commun avec le culte sémite d'Adonaï. Moïse lui-même ne serait qu'une projection fantasmatique des rédacteurs du «Livre de l'Exode», un personnage inconnu des annales égyptiennes. Un héros de légende. 
Nefertiti, «La Belle est Venue»... insondable mystère de l'Histoire ! Etait-elle princesse mitannienne ou égyptienne ? Ici incarnée par Jeanne Crain, sa beauté ensorcella par-delà l'abîme du temps - très exactement depuis la découverte de son buste, actuellement conservé au Musée archéologique de Berlin, dont les lignes pures ont été érigées en canon académique. Dans ce film, Fernando Cerchio tenta d'imaginer les péripéties mouvementées sur fond de guerre de religion au cours desquelles le sculpteur Tumous (Edmund Purdom) réalisa ce chef d'œuvre de la statuaire égyptienne retrouvé depuis dans un atelier de Tell el-Amarna (*).
Ont également incarné Nefertiti au grand ou petit écran : Rita Gam, dans The Secret of Nefertiti (TV - Série «Believe It Or Not», 1950); Sarah Churchill, dans Nefertiti (TV - Série «The Hallmark Hall of Fame», 1952); Anitra Stevens, dans L'Egyptien, 1954; Valia Boulay, dans Néfertiti et le rêve d'Akhénaton de Jean-Marie Coldefy & François Dupeyron, d'après la pièce d'Andrée Chedid (TV, FR - 1978); et Michela Rocco Di Torrepadula, dans Nefertiti, fille du Soleil, de Guy Gilles (IT-FR-R.A.U., 1993).
En 1987, Walerian Borowczyk
(Les Contes Immoraux; L'Art d'Aimer (d'après Ovide); Emmanuelle 5...) avait lui aussi envisagé de tourner une Nefertiti - mini-série TV en six épisodes - mais le projet n'aboutit pas.
(*) On a supposé qu'il s'agissait d'un portait officiel destiné à servir de modèle aux artistes.
Michel ÉLOY :  http://www.peplums.info

x

Hercule se déchaîne

  Retour menu principal
 Gianfranco Parolini, 1962. Avec Brad Harris, Serge Gainsbourg, Brigitte Corey / 91'

 


Hercule rend visite au royaume d'Arpad, où il apprend le décès du roi Nisias [ou Lysias ?], son ami. C'est désormais sa fille Cnidia, une jeune femme ambitieuse mais dominée par son fourbe conseiller Ménistos, qui règne sur le pays. Ménistos a soudoyé une armée de mercenaires, pour soumettre le peuple et lui faire construire des remparts cyclopéens, qui devraient rendre la ville inexpugnable. Hercule s'allie à Héridion, chef des rebelles, et ramènera la pays dans le royaume non sans avoir dû affronter de périlleuses aventures.
En dehors du fait qu'Hercule est présenté comme le fils de Zeus, ce film n'entretient guère de rapports avec la mythologie grecque. Tourné en Yougoslavie avec le concours du ballet de Zagreb parallèlement à Samson contre Hercule (DVD chez L.C.J.) par la même équipe - acteurs, costumes et décors, etc. - il inaugure une longue collaboration entre Brad Harris et Gianfranco Parolini (alias Frank Kramer). On se souviendra de cette bande surtout pour la participation d'un jeune chanteur débutant, un certain Serge Gainsbourg dans le rôle du traître de service. Détail amusant, il se nomme Ménistos ou - plutôt - Mevisto [VO], patronyme qui lorgne vers Méphisto[phélès] à qui Faust vendit son âme ! Une scène anthologique met en scène des danseuses dont les évolutions sont rythmées au... piano.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de commenter ici les superbes brochures qui accompagnent les DVD de Fabbri, en grande partie à cause des délais postaux. Une fois n'est pas coutume, j'ai eu l'occasion de lire celle-ci avant de mettre en ligne. En général je suis assez d'accord avec le rédacteur, sauf parfois l'un ou l'autre point de détail - on ne se refait pas, hein ? Et puis, j'aime assez mettre les points sur les «i», fussent-ils grecs (Ah, Pierre Louÿs !).

J'ai été touché par la notice sur Serge Gainsbourg, que j'apprécie autant comme chanteur que comme acteur de péplum, sinon davantage. Mais dans cette 19e livraison, j'ai aussi été - assez - épaté par l'hypothèse du rédacteur Frédéric Ploton quant au nom de la ville d'Arpad et à la personnalité de ce faux «Hercule» qui serait, en fait, à l'origine, Samson. Je ne vais pas pinailler les détails, mais je tiens à (re)préciser que Samson contre Hercule (Sansone) n'a pas été tourné avant mais simultanément avec Hercule se déchaîne (La furia di Ercole) comme l'a confirmé Gainsbourg lui-même à Frédéric Mittérand dans son émission «Que reste-t-il de nos péplums ?» (diffusée le 9 juillet 1984) : «Je ne savais plus dans quel scénar je jouais.» Ce qui d'ailleurs corrobore la thèse de Ploton : à l'origine, et comme dans Samson contre Hercule, Brad Harris devait incarner Samson, non le Fils de Zeus ! Ce qui explique la difficulté pour l'afficionado d'intégrer ce film dans la filmo du hérosgrec. Quant à savoir que le nom d'Arpad faisait référence à l'ancienne place forte néo-hittite, la capitale du Bît Agusi mentionnée dans II Rois, 19 : 13 («Où sont le roi de Hamath, le roi d'Arpad, et le roi de la ville de Sepharvaïm, d'Héna et d'Ivva ?»), l'inexpugnable forteresse conquise par le roi d'Assyrie Téglath-Phalazar III en -743, j'avoue n'y avoir jamais pensé. D'autant que les costumes et décors du film lorgnent plutôt vers le style «grec». En fait, je voyais plutôt «Arpad» comme une référence balkanique - plusieurs personnages secondaires du film, tourné en Croatie, portent les noms à consonance serbo-croate - quelque part entre le conquérant magyar Arpad qui, en 896, sur le Moyen-Danube, fonda l'Etat hongrois et... Arpad le Tzigane - la série TV de Guy Saguez (1973).
Michel ÉLOY :  http://www.peplums.info
x









mercredi 6 mars 2013

Messaline (1959)

Vittorio Cottafavi, IT - 1959. Avec Belinda Lee, Spyros Focas, Arturo Dominici

Valeria Messalina est une jeune vestale romaine que l'ambition va emporter bien loin de sa vie de recluse. Elle fait la connaissance du beau centurion Lucius Maximus exactement la veille de ses noces avec l'empereur Claude. Les deux jeunes gens s'aiment dès le premier instant, mais le sort de Valeria est désormais scellé : les épousailles se dérouleront avec tout le faste impérial, et Valeria sera appelée désormais Messaline.
Lucius part pour l'Arménie avec sa légion. Pendant son absence, Messaline se transforme en une impératrice despotique et cruelle. Mais elle n'a jamais cessé d'aimer Lucius, et, à son retour, elle se donne à lui. Elle fait plus : par une série de mensonges, elle le persuade de trahir son empereur. Toutefois, ce ne sera que lorsque sa maîtresse fera assassiner son ami, l'intègre Aulus Celsus que Lucius Maximus commencera à entrevoir son erreur. Mesurant l'abîme de corruption où lui-même a sombré, il passera alors résolument dans le camps des adversaires de l'impératrice. Exaspérée, Messaline redouble de cruauté envers le peuple et même ses courtisans. Quoiqu'il lui soit facile de se venger de cet ancien amant, Messaline renonce toutefois à ordonner son exécution. Cette faiblesse - dictée par son amour, son premier amour - lui sera fatale. En effet, la conjuration qu'elle a organisée avec la complicité de Caius Silius, noble romain, représentant de l'opposition à Claude, s'achève dans le sang. Arrachant l'Empereur aux rets tendus par ses ennemis, Lucius et ses troupes écrasent les sbires de Messaline, et celle-ci mourra, poignardée sous ses yeux.
Lucius oubliera ces tragiques événements auprès d'une jeune chrétienne, Silvia, à l'égard de qui il éprouve un sentiment neuf et profond; à ses côtés, il trouvera enfin la paix en s'exilant volontairement dans la lointaine province d'Assyrie.
«Le personnage de Messaline ne m'intéressait pas du tout parce qu'elle était un cas pathologique, racontera plus tard Cottafavi. Elle manquait d'humanité. C'était une femme détraquée depuis le début. Elle ne regardait plus qu'au-dedans d'elle-même et pas au-dehors; incapable d'aimer ou de haïr, mais faisant les deux en même temps. C'est pourquoi elle a fait tuer les hommes qu'elle a aimés; elle cherchait le pouvoir d'une manière absolue. Ce que je préfère dans ce film, ce sont quelques scènes qui regardent avec attention la vie des Romains à cette époque. La séquence qui se passe à Rome durant les fêtes, où l'on voit sur une petite place deux comédiens en train de jouer du Plaute, Le soldat fanfaron. Il y a des gens qui sont assis sur des bancs par terre et les deux pauvres acteurs, qui n'ont me pas de scène, jouent devant des maisons, comme cela se passait dans le temps pour les spectacles populaires. Les gens qui ne pouvaient se payer les arènes assistaient à ces spectacles.» Dans la version de Cottafavi, Messaline se perd elle-même en sauvant celui qu'elle aime, femme fatale un peu fleur bleue (ce qu'elle fut probablement, historiquement), incapable de voir plus loin que le bout de son nez. Sur l'ordre de Caligula, qui voulait ainsi se moquer de son lourdaud d'oncle en lui donnant pour femme une superbe créature, la fille de Barbatus Messala, Valeria Messalina épousa le consul Claude en 40 (et non en 41, après la mort de Caligula, comme le voudrait le film). Une jeune fille de quinze ans et un quinquagénaire baveux ! L'association était explosive ! Contemplant son buste, Arthur Weigall lui trouvait un regard bovin. Plus stupide que méchante, Messaline se laissait dominer par ses appétits génésiques. Bien entendu, elle ne fit jamais partie du collège des Vestales. Ses aventures amoureuses firent les délices de Félicien Champsaur (L'orgie latine, 1903) et d'Alfred Jarry (Messaline, 1900). Il est vrai que les frasques de celle qui, sous le nom de Lysisca, faisait de l'abattage dans un bouge de Subure, rentrant chez elle à l'aube «le vagin encore roide», avaient de quoi stimuler l'imagination. Amoureuse du beau Caius Silius (le sinistre Arturo Dominici !), elle aurait fait croire à son naïf mari d'empereur qu'une prophétie avait annoncé la mort de son époux dans l'année. D'où que le benêt se prêta à une mascarade où il permettait à sa femme d'épouser officieusement... son amant. La manipulation découverte, le nouveau «mari» fut bien condamné à mort, et avec elle cette fine mouche trop maline, à qui on envoya un prétorien au glaive bien affûté ! Messaline avait alors vingt-trois ans.
La fille de Barbatus Messala et de Domitia Lepida laissait un fils, Britannicus, qu'elle avait eu de Claude. Elle était la cousine du petit Lucius Domitius, le futur Néron, et avait haï Agrippine qui, exilée par son frère Caligula, avait confié le petit Lucius Domitius (5 ans) à sa tante Domitia Lepida (la mère de Messaline, donc). On sait le tragique destin de Britannicus empoisonné par Agrippine, ou Néron, ou les deux, ou aucun des deux - car l'empoisonnement est indémontrable - mais tout de même décédé à... l'âge de 14 ans !
Messaline fut sous les traits de la comtesse italienne Rina di Liguoro la très méchante héroïne d'un film d'Enrico Guazzoni (Messaline, 1923) où elle veut faire sacrifier à Isis une pauvre ingénue. Ensuite, sous les traits de Gerta Walkyria elle sera la figure centrale de l'unique péplum brésilien jamais tourné (Messaline, Luiz De Barros, 1930). En 1937, Merle Oberon l'incarna dans le I Claudius inachevé de Josef von Sternberg (1937); et en 1951 ce sera Maria Felix, dans la version de Carmine Gallone, qui lui prêtera ses traits. Messaline y animait une faction anti-républicaine contre celle menée par l'intègre Valérius Asiaticus. Disgraciée par l'empereur, errant dans Subure, elle demandait finalement à un de ses anciens amants, le gladiateur Taurus, de l'aider à mettre fin à ses jours... Lorsqu'on découvrit son cadavre on crut au meurtre d'une simple prostituée (Messaline, 1951). On la retrouva ensuite interprétée par Susan Heyward dans Les Gladiateurs (1954), par Marilu Tolò dans Hercule contre les Mercenaires/Il gladiatore di Messalina (Umberto Lenzi, 1964) et par Sheila White dans le feuilleton I Claudius (1976). Après le succès de Caligula (1977) où sous les traits d'Anneka di Lorenzo et pour les besoins du film, elle se réconciliait avec sa vieille ennemie Agrippine (Lori Wagner) le temps d'une scène lesbienne assez hard, elle sera ensuite de toute une série de péplums érotiques au début des années 1980' (Caligula et Messaline, Messaline impératrice et putain, etc.).
Gentleman accompli, le latiniste Jean-Pierre Néraudau tentera de démontrer dans ses Louves du Palatin (Belles Lettres, 1988) qu'une femme de la famille impériale aurait difficilement pu s'adonner à toutes les fredaines que lui attribua cette malveillante raclure de bidet nommée Suétone. On ne plaisante pas avec l'honneur des dames ! Non mais !
Michel ÉLOY :  http://www.peplums.info
x


Les Derniers jours d'Herculanum


Gianfranco Parolini, FR-IT - 1962. Avec Brad Harris, Susan Paget, Philippe Hersent

79 de n.E. - Neveu de l'empereur Titus Flavius, Le consul Marc Tibère revient vainqueur d'une campagne qui vient de valoir à l'Empire romain l'annexion de nouveaux territoires. Mais, très rapidement, celui-ci découvre combien incertaine et ambiguë est la vie de cour, et combien la sécurité même de l'Empire est en danger par suite de la corruption toujours grandissante de courtisans ambitieux et sans scrupules.
Il tombe amoureux de Livie, une très belle esclave chrétienne de l'impératrice. Par celle-ci, il apprend que Thirtée, riche marchand d'esclaves et favori de l'Empereur, ourdit un plan ambitieux et dangereux : il fait entrer en Italie, sous le couvert de son commerce d'esclaves, des soldats carthaginois - ses compatriotes - pour s'emparer de l'empire et ainsi venger sa patrie asservie par Rome.
 
Un «scénar» qui n'est pas sans rappeler celui du Colosse de Rhodes ou les phantasmes des Derniers Jours de Pompéi (1959) (l'invasion secrète des Phéniciens... des Égyptiens.... des Carthaginois). Une problématique qui n'est pas sans trouver d'échos de nos jours encore ! Nous aurons ultérieurement à revenir sur la problématique de l'éruption volcanique d'août 79. 
Une curieuse (et fauchée) allusion aux naumachies, notamment celle qu'ordonna Claude pour inaugurer les travaux d'assèchement du lac Fucin. L'empereur opposa dans un combat à mort la flotte de quadrirèmes dite des «Rhodiens» à celle des «Siciliens» (19.000 condamnés à mort). Les abords du lac étaient protégés par des radeaux montés par des prétoriens armés de balistes et chargés de s'assurer qu'il n'y eût aucun survivant à cet holocauste «à grand spectacle».
Michel ÉLOY :  http://www.peplums.info
x